L’année 2023 se clôt entre feux d’artifices et discours présidentiel. En nous retournant, nous pouvons voir le cocktail à moitié vide ou à moitié plein, néanmoins nous ne pouvons nier que, des manifs sauvages contre la réforme des retraites aux révoltes pour Nahel, en passant par la lutte contre les méga-bassines, 2023 nous a montré que le cocktail pouvait s’enflammer.
L’actualité politique a été chargée cette année. La pente de la fascisation est dévalée à grande vitesse dans le monde entier, entre les élections de personnages d’extrême droite ou le nettoyage ethnique en cours à Gaza.
Avec les diverses lois que nous voyons passer, l’action de la police et son impunité ou encore les discours politico-médiatiques, la France est loin d’être en reste.
Les perspectives peuvent sembler sombres car nos luttes ont été durement réprimées, la casse sociale a continué bon train, la dimension autoritaire du régime n’a cessé de s’accroître et la destruction de la planète est toujours en marche. En somme, les réactionnaires et les capitalistes sont toujours au pouvoir et font en sorte de ne pas le lâcher.
Mais 2023 nous a amené aussi des espoirs et si l’année se termine, ça n’est pas le cas de nos luttes qui continuent à être menées et gagnent en puissance.
Des records de participation ont été atteints lors des manifestations contre la réforme des retraites, les chaînes d’info en continu dénombraient frénétiquement les centaines de feux de poubelles lors des manifs sauvages, des manifs spontanées qui nous ont montré, tout comme celles du début de l’été, que nous n’avions pas besoin des partis et des syndicats sociaux-traîtres pour nous organiser.
Les révoltes suite à la mort de Nahel ont été ignoblement réprimées mais, tout en nous montrant que le pouvoir peut trembler, elles nous ont permis de voir que la flamme de la révolte ne brûlait pas que dans le cœur des traditionnel.le.s militant.e.s politiques de gauche. Elles ouvrent aussi la porte à de nombreux questionnements quant à la convergence des luttes, questionnements que nous nous devons de ne pas oublier tandis que les évènements sont relégués au passé.
Les luttes portées par les Soulèvements de la Terre amènent également de l’espoir : les mobilisations n’ont cessé de s’amplifier et la diversité des tactiques a été acceptée par nombre de personnes qui autrefois l’auraient rejetée. L’usage du sabotage est de plus en plus reconnu comme légitime et nous pouvons supposer qu’en 2024, il ne cessera de s’amplifier. Une prise de conscience massive semble s’opérer autour de ces luttes et nous ne pouvons que nous en réjouir.
L’année a aussi été faite d’une multitude d’actions qui seront passées sous silence mais qu’il y a lieu de célébrer. Des fascistes battus à plates coutures aux blocages et occupations, la lutte est loin de s’être limitée au spectacle médiatisé. Au-delà de ces luttes offensives, ce sont aussi toutes les luttes qui ont permis d’empêcher des expulsions, les luttes dans le monde du travail, les manifs en soutien à la Palestine ou encore les ouvertures de squats pour loger des gens que nous saluons.
De nombreuses autres choses qui peuvent nous réjouir seraient à souligner alors comment ne pas mentionner les solidarités qui se sont développées, les collectifs qui se sont créés, les affinités qui se sont nouées lors des dernières luttes ? Comment ne pas mentionner l’effervescence collective et joyeuse que nous avons pu vivre autant lors d’émeutes que de cantines populaires ? Cela aussi, ce sont des victoires.
Tous les liens que nous créons et renforçons sont des armes fortes pour nos luttes, des victoires face à un pouvoir politico-médiatique qui ne veut que nous diviser, nous voir dociles et aliéné.e.s.
Alors nous ouvrons 2024 avec, en tête, nombre de réjouissances, d’espoirs et de perspectives. Le fond de l’air est brun, souvent il pue, soyons honnêtes. Mais le fond de l’air est inflammable également. Alors nous devons nous battre contre ce monde, développer des stratégies face aux lois hyper répressives, combattre frontalement la gangrène fasciste qui ne cesse de s’étendre et bloquer le rouleau compresseur de ce système capitaliste réactionnaire car, lorsque nous voyons le cocktail à moitié plein, nous savons qu’il peut bien s’enflammer et, qui sait, faire partir avec lui les immondices du vieux monde en fumée.